Petite revue tragiquement non exhaustive et atrocement injuste de quelques compositrices à travers les époques…

Hildegarde recevant l’inspiration divine (miniature du Codex Rupertsberg de la Liber Scivia)

Hildegarde Von Bingen

1098 à Bermersheim vor der Höhe près d’Alzey (Hesse rhénane) – 17 septembre 1179 à Rupertsberg (près de Bingen)
Religieuse bénédictine et femme de lettres, sainte de l’Église catholique du 12e siècle, Hildegarde Von Bingen a composé plus de soixante-dix chants liturgiques, hymnes et séquences. Ces chants sont contenus dans le Codex Villarensis conservé dans la bibliothèque de l’Abbaye de Termonde. Elle a aussi composé un drame liturgique intitulé Ordo virtutum (Le jeu des vertus), qui comporte quatre-vingt-deux mélodies et met en scène les tiraillements de l’âme entre le démon et les vertus.

Ecouter : Cantiques

Hortus Deliciarum

Elisabeth Jacquet de la Guerre

1665, Paris – 1729, Paris Compositrice et claveciniste, Elisabeth Jacquet de la Guerre est la plus célèbre compositrice de l’Ancien Régime, sous Louis XIV et Louis XV. Son père, Claude Jacquet, appartient à une dynastie de musiciens connue. C’est lui qui se charge de l’éducation de ses enfants. Elisabeth inaugure une carrière de virtuose en jouant du clavecin à cinq ans devant Louis XIV. Comme compositrice, elle est résolument novatrice. Ses œuvres sont imprégnées d’influences italiennes. Elle s’essaie à tous les genres -musique religieuse ou profane- et fait partie des premiers compositeurs de sonates en France, avec son cousin, François Couperin. Elle est la première femme à créer un opéra, Céphale et Procris, créé à l’Académie Royale de Musique.

Ecouter : Pièces pour clavecin

Sonate pour violon et continuo

Céphale et Procris (opéra)

Mel Bonis
(de son vrai nom Mélanie Hélène Bonis), 21 janvier 1858 à Paris – 18 mars 1937 à Sarcelles.
Dès son plus jeune âge, elle joue seule sur le piano de ses parents. Jacques-Hippolyte Maury, un ami de ses parents, la présente à César Franck qui la fait admettre au conservatoire dans la classe d’harmonie et accompagnement au piano où elle côtoie notamment Claude Debussy et obtient plusieurs prix d’harmonie. Contrainte par ses parents d’arrêter ses études en 1879, elle se remet à composer dix ans plus tard.
Mel Bonis laisse une œuvre importante d’environ deux cents pièces, dont l’essentiel est composé entre 1892 et 1914. Sa musique, de style postromantique, est inscrite dans son époque, avec des dépaysements impressionnistes ou orientalistes.

Ecouter : Pensées d’automne

Carillons mysthiques

Cantique de Jean Racine

Sonate pour contrebasse et piano

Rita Strohl

Née Aimée Marie Marguerite Mercédès Larousse La Villette, 8 juillet 1865, Lorient (Morbihan) – 7 mars 1941, La Gaude (Alpes-Maritimes) Rita Strohl est l’autrice de pièces lyriques, symphoniques et de musique de chambre. Elle a été plébiscitée par Camille Saint-Saëns, Vincent d’Indy ou Gabriel Fauré… Jane Bathori a chanté ses Chansons de Bilitis et Pablo Casals a joué sa musique. La plus grande partie de ses œuvres n’ont jamais été éditées ni enregistrées. Ses partitions manuscrites sont conservées par ses ayants droits.

Ecouter : Sonate pour piano et violoncelle

Tristesse de la lune

Solitude

Photo : Pierre Petit

Pauline Viardot

Née Pauline Garcia, 18 juillet 1821, Paris – 18 mai 1910, Paris Chanteuse et compositrice, Pauline Viardot est aussi la sœur de la célèbre cantatrice Maria Malibran. Pauline commence ses études de musique par le piano, sous la férule de Franz Liszt. Elle étudie également le chant. Après une carrière de cantatrice, qu’elle mène jusqu’en 1863, elle se consacre à l’enseignement et à la composition. Il n’a pas été dans les intentions de Pauline Viardot de devenir compositrice : elle a écrit essentiellement pour développer les capacités vocales de ses élèves de chant. Elle laisse cependant une œuvre remarquée, notamment par Chopin et Liszt, qui l’a qualifiée de « génie ». Privilégiant la musique vocale, Pauline Viardot est l’autrice de cinq opéras, de nombreuses mélodies et de quelques œuvres chorales. Elle a également écrit quelques pièces instrumentales.

Ecouter : Berceuse cosaque

Hai Luli

Romance pour Violon

Marie Jaëll

Photo : J. Ganz

Née Marie Trautmann à Steinseltz, Bas-Rhin, 17 août 1846 et morte à Paris le 4 février 1925 Marie Jaëll est avant tout une pianiste virtuose. Issue d’une famille d’agriculteurs aisés, c’est sa mère qui organise ses études de piano et ses concerts, d’abord en Allemagne puis au conservatoire de Paris. En 1866, elle épouse le célèbre pianiste Alfred Jaëll. A partir de 1870, elle suit les cours de composition de César Franck, puis Camille Saint-Saëns. En 1887, elle est admise comme membre actif à la Société des compositeurs de musique. Compositrice reconnue et appréciée à son époque, Marie Jaëll se consacra également, à partir de 1895, à l’étude de la technique pianistique et à une pédagogie originale, basée sur le toucher et la physiologie.

Ecouter : Oeuvre pour piano d’après la lecture de Dante

Louise Farrenc

Portrait par Luigi Rubio

Née Jeanne-Louise Dumont, 31 mai 1804, Paris – 16 septembre 1875, Paris. Parce que le conservatoire n’est pas ouvert aux filles au début du 19e siècle, elle fait toutes ses études de musique en cours particuliers : piano, puis harmonie, la fugue et instrumentation. En 1821, elle se marie avec le flûtiste, compositeur et éditeur de musique Aristide Farrenc. Ce dernier a consacré une partie de sa vie à éditer les œuvres de Louise et à être son impresario. Entre 1842 et 1872, Louise Farrenc enseigne le piano au Conservatoire de Paris en qualité de professeure. Son œuvre, composée tout au long de sa vie, comprend beaucoup de musique de chambre et d’œuvres pour piano, quelques pièces pour chorale. Mais elle est surtout connue pour ses compositions orchestrales, notamment trois symphonies. Certaines œuvres ont été publiées sous le nom de son mari, ce qui rend leur identification difficile.

Ecouter : Symphonies numéro 1, 2 et 3

Etude pour piano

Nonette opus 38

Clara Schumann

Photo : auteur inconnu

Née Clara Wieck, 13 septembre 1819, Leipzig – 20 mai 1896, Francfort-sur-le-Main Son père, Friedrich Wieck, professeur de piano, travaille à faire d’elle une concertiste prodige. À six ans, elle donne son premier concert. A huit ans, elle rencontre Robert Schumann, qui étudie auprès de son père et est âgé de 17 ans. Malgré l’opposition de Friedrich Wieck, le mariage est célébré en 1840. Huit enfants vont naître de leur union. Clara Schumann est considérée comme l’une des plus grandes pianistes du 19e siècle et elle est la première interprète des œuvres de son mari. En tant que compositrice, Clara publie ses premières œuvres dès 1829. Entre 1834 et 1836, elle compose les Soirées musicales, qui connaissent un grand succès, notamment auprès de Liszt. De 11 à 29 ans, elle compose une à huit pièces par an. Sa rencontre avec Brahms a stimulé sa créativité ; elle compose 16 morceaux en 1853. Les 43 années suivantes sont dédiées à la transcription au piano des travaux de son mari et de Brahms. Son effacement du milieu de la composition est directement lié à sa condition de femme. Elle doit en effet s’occuper de huit enfants et d’un mari lunatique qui ne gagne pas suffisamment d’argent. Ainsi, elle donne des concerts mais elle ne peut pas composer. Robert Schumann ne l’encourage pas : « Clara sait bien qu’être mère est là sa principale mission ». Clara Schumann reste une des compositrices du 19e siècle les plus célèbres.

Ecouter : Œuvre pour piano

                 Lieder

Lili Boulanger

Photo : auteur inconnu

Marie Juliette Boulanger, 21 août 1893, Paris – 15 mars 1918, Mézy-sur-Seine (Yvelines). Elle est la sœur cadette de la compositrice et pédagogue Nadia Boulanger. Lili Boulanger nait dans une famille de musiciens. Son père, Ernest Boulanger, est compositeur, premier grand prix de Rome en 1835 et professeur de chant au Conservatoire de Paris. Sa mère est une cantatrice russe, originaire de Saint-Pétersbourg. Lili montre très tôt des dispositions pour la musique. A six ans, elle sait déchiffrer les partitions et étudie l’harmonie. Gabriel Fauré, ami de la famille, est émerveillé par sa précocité et lui donne des leçons de piano. Elle reçoit à domicile l’enseignement de professeurs, notamment Georges Caussade pour la fugue et le contrepoint. Elle étudie le piano, le violon, le violoncelle, la harpe et l’orgue. En 1909, Lili Boulanger entre au conservatoire de Paris dans la classe de composition de Paul Vidal. En 1913, elle est la première femme à remporter le premier grand prix de Rome de composition musicale, avec sa cantate Faust et Hélène. Elle meurt à l’âge de 24 ans, laissant une œuvre diversifiée pour piano, musique de chambre, voix, musique chorale et orchestrale.

 

Ecouter : Faust et Hélène

Nocturne pour piano et violon

Soir sur la plaine

D’un soir triste

Camille Pépin

Photo : Natacha Colmez-Collard

Née à Amiens en 1990, elle étudie à Amiens puis Paris. Elle obtient cinq premiers prix (orchestration, analyse, contrepoint et fugue, harmonie, formes). Lauréate de divers concours (Concours de composition Île de créations 2015, Grand Prix Sacem Jeune Compositeur 2015, etc), compositrice de l’année aux Victoires de la Musique Classique 2020, ses oeuvres sont jouées par de prestigieux orchestres (BBC Symphony Orchestra, Malmö Live Symphony Orchestra, Orchestres nationaux français…).

 

Découvrir la musique de Camille Pépin

Ce dossier aurait aussi pu citer les noms de Fanny Mendelssohn, Barbara Strozzi, Rebecca Clarke, Alma Malher, Isabelle Aboulker, Edith Canat de Chizy, Cécile Chaminade, Germaine Tailleferre, Clémence de Grandval, Hélène de Montgeroult… Pour en savoir plus, demandez à Clara !